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Délires et fantaisies
Délires et fantaisies
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18 février 2009

A Bruxelles, une fois !

Comme je le disais hier, les phrases en français de Belgique ne sont pas toutes ponctuées de "une fois", que ce soit en Wallonie ou à Bruxelles.  Je reconnais cependant que ce terme incongru et inutile se rencontre souvent dans nos phrases, mais en général pas à la fin.

Ici aussi un exemple concret fera la lumière sur nos tics du langage.

"Je vais une fois voir si le chef est toujours au téléphone".

Mais nous ne disons pas : "Je vais voir si le chef est toujours au téléphone, une fois".

D'où vient donc ce "une fois" ?  Hé bien, j'y ai trouvé une explication possible (du moins, dans mon esprit, ça tient la route).  C'est encore l'influence du néérlandais que je pointe du doigt (gentiment, bien sûr).

En effet en néérlandais on traduit ce "une fois" par "eens".  Ici, il faut se pencher sur le sens de "eens" et ça peut paraître un peu compliqué.  La traduction qu'on en fait en français est à peu près correcte, du moins, les francophones de notre pays n'ont pas trouvé mieux lors de leur entêtement à trouver à tout prix une traduction à tous les mots.

"Une fois" dans le sens de "eens" n'est pas à comprendre comme étant un nombre unique de fois où se produit l'action (ça va les neurones, vous suivez ?).  J'explique avec un exemple :

"Je suis allée une fois en vacances en Espagne".  Comprenez ici que ne suis allée une seule et unique fois en Espagne.  On pourrait d'ailleurs dire "Je suis allée 5 fois en vacances en Espagne" sans que la construction de cette phrase choque les puristes de la langue de Molière.  Dans ce contexte, on ne traduit pas "une fois" par "eens".  Observez aussi le temps de conjugaison qui est au passé, contrairement au présent utilisé dans "Je vais une fois voir si le chef est toujours au téléphone".

La vraie question à se poser est le sens profond de "eens".  Il m'est bien difficile de donner une meilleure traduction que "une fois" (ben oui, je suis belge MDR), mais c'est plus facile de rendre l'idée apportée par ce petit mot.  En fait, il faut y voir une action que l'on est sur le point de faire un peu de manière furtive.  On y ressent aussi une idée de rapidité dans l'action.  Un peu comme si on interrompt nos activités habituelle pour se consacrer rapidement et furtivement à une autre action.

Bien sûr, cette idée de rapidité de l'action a donné lieu à une autre variante de "une fois" tout en gardant cette même référence à "eens".  Il s'agit du mot "vite".

Oui-oui, le Belge est quelqu'un qui agit vite.  Un exemple :

"Je vais vite voir si le chef est toujours au téléphone".  Z'avez vu ?  C'est la même phrase que mon premier exemple et ça veut dire pile-poil la même chose, sauf qu'ici, on imagine le gars courir jusqu'au bureau du chef pour vérifier, tandis que dans le premier cas, il n'est décidé à vérifier qu'une seule fois.

Il est cependant assez déroutant que certaines actions "sans durée" se déroulent vite pour les Belges.  Amusons-nous un peu.

Je peux courir vite, c'est évident, mais je me vois mal dormir vite.  Dommage ça m'arrangerait de pouvoir accélérer mon sommeil et le réduire à 5 minutes tout en étant aussi reposée qu'après 8 heures de sommeil.  Ce qui revient donc à dire que "vite" est grammaticalement incorrect dans le sens où nous l'utilisons de manière abusive.

Voilà, après avoir découvert que le Belge ne fait les choses qu'une fois et vite, la prochaine fois, nous découvrirons que le Belge passe son temps à "attendre".

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